PERP en année blanche 2018. Cotiser ou ne pas cotiser ?

Cotiser ou ne pas cotiser au PERP

Le Plan Epargne Retraite Populaire (PERP) vous permet de déduire vos cotisations de votre revenu imposable, et donc de diminuer votre impôt sur le revenu. Mais avez-vous intérêt à cotiser pour le PERP en année blanche 2018 puisque l’impôt sur le revenu de cette année sera annulé en raison du prélèvement à la source ? Réponse de MaRetraite.fr.

Pourquoi 2018 est-elle une année blanche ?

L’année 2018 est une « année blanche » pour l’impôt sur le revenu.

  • Jusqu’à présent, y compris en 2018, vous payiez l’impôt sur vos revenus de l’année précédente. Vous payez en 2018 l’impôt sur vos revenus de 2017.
  • A partir de 2019, avec la mise en place du prélèvement à la source de l’impôt, vous paierez l’impôt sur vos revenus de l’année en cours.

Mais où passera donc l’impôt sur les revenus de 2018 ?

Comme un double prélèvement ne serait pas acceptable, l’impôt sur vos revenus de 2018 sera annulé.

  • En 2019, vous ferez votre déclaration d’impôt normalement sur les revenus 2018.
  • L’impôt sur vos revenus de 2018, hors revenus exceptionnels (voir plus loin), sera calculé.
  • Cet impôt sera ensuite annulé par le crédit d’impôt pour la modernisation du recouvrement (CIMR) dans le 2ème semestre 2019.

Et la défiscalisation de mes cotisations PERP en 2018 ?

Les versements de cotisations sur un PERP sont normalement défiscalisés. Normalement, vous pouvez les déduire de votre revenu imposable, dans la limite d’un plafond global pour tous les plans similaires,  c’est-à-dire les plans dits « supplémentaires » tels que PERP, PERCO, Madelin, Préfon etc.

Pour les versements effectués en 2017 (impôts payés en 2018), ce plafond de déduction était égal au plus élevé des 2 montants suivants :

  • 10% de vos revenus d’activité nets de frais professionnels de l’année 2016, retenus dans la limite de 8 fois le montant du plafond annuel de la sécurité sociale (PASS) de 2016, soit 30 893 euros.
  • Ou 10% du PASS, soit 3 862€.

Or, comme on l’a vu, les revenus de 2018, hors revenus exceptionnels, ne seront pas imposés. Donc vos versements 2018 ne peuvent pas être déduits.

  • En 2018, vous déduisez les cotisations versées en 2017.
  • En 2019, vous déduirez les cotisations versées en 2019.

Les cotisations de 2018 ne sont donc pas déduites parce qu’il n’y a pas d’impôt sur les revenus de 2018.

Exception: Si vous avez des revenus 2018 exceptionnels tels que des indemnités imposables ou des revenus mobiliers exceptionnels, vous serez imposé sur ces revenus. Vous pourrez alors déduire les cotisations PERP 2018 de ces revenus exceptionnels 2018 imposables.

Ai-je intérêt à réduire mes cotisations PERP en 2018 ?

Vous n’avez pas de revenus exceptionnels. Vous vous demandez alors peut-être si vous ne devriez pas suspendre vos versements PERP en année blanche 2018. Vous pourriez être tenté de le faire puisque les versements sur le PERP sont libres.

Cependant, le gouvernement a prévu des mesures transitoires concernant la déduction des cotisations d’épargne retraite en 2019 qui pourraient vous pénaliser. En effet, pour empêcher que les épargnants ne réduisent leurs cotisations sur l’ensemble de leurs plans d’épargne retraite et ne repoussent les versements d’une année pour profiter d’une plus grande déduction en 2019, le gouvernement a prévu le mécanisme pénalisant suivant :

Si vos versements de cotisations sur vos plans d’épargne retraite en 2018 sont anormalement bas et, plus précisément, s’ils sont inférieurs à la fois à vos versements de 2017 et à vos versements en 2019.

Alors vos versements 2019 ne seront déductibles que pour la moyenne de 2018 et 2019, soit :

  • Versements déductibles en 2019 = (Versements 2018 + Versements 2019) / 2

Dans ce cas, et dans ce cas seulement, vous ne pourrez bénéficier de toute la déduction à laquelle vos versements de 2019 vous donneraient droit normalement.

Exemple : Jean, 55 ans n’a qu’un seul plan d’épargne retraite, un PERP, et un taux global d’imposition de 20% (sont taux marginal d’imposition est de 30%).  On voit dans le tableau ci-dessous que si Jean réduit les versements sur son PERP en 2018 parce qu’il se dit qu’il ne profitera pas de la déduction cette année-là, il sera pénalisé sur ses déductions en 2019.

 

2017

2018

2019

Déductions du revenu imposable en 2019

Diminution d’impôt 2019 (taux global 20%)

1. Versements 2018 inférieurs à 2017 et 2019

2000 €

200 €

4800 €

(200 + 4800) / 2

= 2500 €

500 €

2. Versements 2018 inférieurs seulement à 2019

2000 €

2000 €

3000 €

3000 € 600 €

 

Dans cet exemple, Jean ne peut pas déduire la totalité des 4800 euros de cotisations versées en 2019. Pour un même versement total de 5000 euros en 2018 et 2019, il bénéficie de 500 euros de déduction et donc de 100 euros de réduction d’impôt en moins.

Si Jean souhaite  vraiment repousser ses versements pour profiter de la pleine déductibilité de ses cotisations, il lui faudrait les repousser jusqu’en 2020. Il profiterait alors de la complète déductibilité et du fait que la part de plafond de déductibilité non utilisée peut être utilisée pendant 3 ans.

Avis de l’expert en gestion de patrimoine de MaRetraite.fr

Philippe DelâitreLe mécanisme envisagé par le gouvernement vous pénalisera si vous diminuez vos versements sur votre PERP en 2018 par rapport aux deux années, l’année précédente 2017 et l’année suivante 2019.

Si pour une raison ou une autre, vous versez moins en 2018 qu’en 2017 alors vous n’avez pas intérêt à verser plus en 2019, et vous avez même intérêt à repousser vos versements jusqu’en 2020 – En espérant que le gouvernement ne fera pas une règle rétroactive qui vous pénalisera à ce moment là !

Dans tous les cas, l’intérêt du PERP doit être évalué principalement en fonction de la qualité du contrat et de votre situation globale, et non par rapport à un avantage fiscal très temporaire.

N’hésitez pas à nous consulter sur toutes vos questions de retraite, de patrimoine et de fiscalité en cette année blanche qui peut être très perturbante pour les contribuables.