Que disent les 118.000 premiers votes de la consultation publique sur la réforme des retraites?
Le taux élevé de participation à la consultation publique sur la réforme des retraites confirme l’importance du sujet pour les français. Déjà des tendances se dégagent. A ce jour, les participants sont très favorables à l’instauration d’un régime de retraite universel. Mais la consultation fait également apparaître la complexité de réconcilier l’universalité avec certains droits spéciaux que les participants continuent à défendre, voire veulent élargir.
Ils plébiscitent par exemple, un droit de partir à la retraite à tout âge et le droit de toucher une pension de réversion, également sans condition d’âge. Économiquement, cela paraît difficile.
Premières tendances de la consultation publique sur la réforme des retraites
Le site de consultation publique sur la réforme des retraites participez.reforme-retraite.gouv.fr propose aux visiteurs de s’exprimer sur onze sujets en votant, en laissant un commentaire, ou en proposant leur propre solution qui est ensuite soumises aux votes des visiteurs.
En deux semaines d’existence, la consultation a déjà rassemblé plus de 15 000 inscrits, 17 000 contributions et 118 000 votes !
A ce jour, on constate déjà des premières tendances.
Pour le régime universel de retraite
La thématique « Quel système de retraite pour tous les actifs ? » est la plus populaire. Elle pose la question du remplacement des 42 régimes de retraites actuels par un système de retraite universel qui verrait « [pour des] revenus identiques, instaurer le même niveau de cotisations et les mêmes droits à retraites. » Cette thématique a rassemblé 34 957 votes.
A ce jour, plus des trois quarts des participants sont nettement favorables au principe d’un régime universel.
Cependant, plus des trois quarts des participants sont également favorables à des droits spéciaux pour la pénibilité, les handicapés et les carrières longues. Ils sont moins nombreux à approuver un taux de cotisation spécial pour les indépendants dont les cotisations augmenteraient pour atteindre le niveau total des contributions salariales et patronales des salariés.
Avec les inévitables aménagements et exceptions, il semble que le principe universel « même salaire, mêmes points, mêmes droits de retraite » sera réduit à « mêmes points, mêmes droits de retraite », ce qui n’est pas du tout la même chose.
Partir à la retraite quand on veut
« Prendre sa retraite : à quel âge et à quelles conditions ? » : Cette question est celle de la suppression de l’âge minimum et de la durée minimum d’assurance avant le départ à la retraite. Le Haut-Commissaire à la réforme des retraites propose que dans un système unique de retraite par points « le maintien de critères d’âge ou de durée d’assurance ne s’impose plus ». Il suffirait d’obtenir un minimum de points assurant une pension minimum pour pouvoir partir à la retraite. Ce sujet a rassemblé 23 552 votes.
A ce jour, plus de 80% des participants sont favorables à l’idée de « Pouvoir partir à la retraite quand on le souhaite. » Une option qui risque de favoriser les plus aisés qui, ayant beaucoup contribué et donc acquis de points, pourront vraiment partir quand ils veulent, tandis que les personnes aux salaires plus bas se verront obligées de continuer à travailler.
Plus de 80% des participants sont opposés à l’idée « L’âge de départ en retraite et/ou le montant des pensions en fonction de l’espérance de vie ». Le sujet semble bien mal formulé. Dans un système de retraite par répartition comme le nôtre où les cotisations des actifs financent les pensions des retraités au même moment, l’augmentation de l’espérance de vie et le vieillissement de la population ont inexorablement un impact sur les retraites. Il n’y a déjà aujourd’hui que 1,3 actifs cotisants par retraité. Le système sera-t-il économiquement viable sans âge minimum de départ à la retraite ?
Garder, voire élargir les pensions de réversion
« Quels droits accorder aux conjoints en cas de décès ? » : Ce sujet traite du droit des conjoints et partenaires de PACS à toucher une « pension de réversion », c’est-à-dire une partie de la pension de leur conjoint après son décès. Les droits à pension de réversion sont actuellement très différents selon les caisses de retraite au niveau du statut marital, des conditions d’âge et de revenu nécessaires pour les obtenir. Ce sujet a recueilli 11 177 votes.
A ce jour, une petite majorité des participants est d’accord avec le constat du Haut-Commissaire à la Réforme des retraites selon lequel les pensions de réversions doivent être modifiées à cause du taux d’activité croissant des femmes. Mais la grande majorité restent attachée aux pensions de réversion et se prononcent même à 80% pour la proposition de « Verser la pension de réversion sans aucun critère d’âge pour le conjoint survivant », ce qui permettrait « en cas de veuvage précoce, au conjoint survivant ayant des enfants à charge de pouvoir bénéficier rapidement de la pension de réversion de son conjoint. »
Ce sujet n’est pas très bien exposé ce qui pourrait bien expliquer des résultats assez paradoxaux, tels que la préférence des participants pour continuer à faire dépendre la pension de réversion du statut marital du conjoint survivant (perte des droits en cas de remariage ou concubinage) plutôt que de son revenu (revenu maximum pour bénéficier de la pension de réversion).
L’impact économique de la réforme ?
Voila trois grandes lignes qui se dégagent de cette consultation qui comprend bien d’autres sujets concernant l’acquisition de droits par les stagiaires, le cumul emploi retraite, les droits des chômeurs etc. Elle démontre la complexité du sujet retraite.
On peut regretter qu’elle ne mette pas plus en avant l’impact économique des différentes options qui sont proposées aux français. En effet, c’est bien pour leur avenir économique et l’avenir économique des systèmes de retraite que les français s’inquiètent le plus.
MaRetraite.fr continue à suivre ce dossier. En attendant, nous restons à votre disposition pour vous aider concrètement à préparer votre future économique !